Parution : Se mouvoir et être ému. L’expérience esthétique en architecture

Considérée par la philosophie esthétique comme œuvre imparfaite parce qu’assujettie au besoin et à la nécessité, l’architecture ordinaire est ici l’objet d’un tout autre regard. Habitation, lieu de travail, de culte ou de simple passage, elle est montrée au contraire comme l’endroit d’une expérience éminemment esthétique en ce qu’elle donne accès au plus profond de notre être-au-monde. Laissant à d’autres la vénération immobile de l’architecture monumentale, l’autrice chemine sans masque dans l’infinie complexité des émotions et des sensations suscitées par ces espaces du quotidien. Sont éveillés en nous, dit-elle, tandis que l’on s’y meut, le sentiment d’être à sa place, celui d’être vivant, de battre à l’unisson du monde. Cette version dynamique de l’esthétique architecturale, qui recourt aux concepts de rythme, d’ambiance et d’atmosphère, s’affirme comme résolument contemporaine et, à ce titre, comme une source d’inspiration à la fois nouvelle et indispensable. Car ce contrepied pris des théories de Kant, Hegel et Benjamin l’est aussi d’une certaine architecture dont les excès de façade privent de toute sève nos lieux dits de vie.

Table des matières

Introduction

Une expérience qui résiste à la philosophie 7

Chapitre I

Objet esthétique impur, objet artistique imparfait 15

Penser avec Kant la beauté de l’architecture et ses marges 20

• Le plaisir esthétique ou la jouissance indifférente 22
• Beauté pure versus beauté adhérente 23
• Un intérêt au carré 24
• La leçon de Kant : le plaisir trouble pris à l’architecture 26

Penser avec Schopenhauer et Hegel l’expressivité architecturale et ses limites 28

• Représentation, exemplification, expression 31
• Un art matériel et pesant 33
• L’architecture, le symbole et le sublime 35
• La leçon de Hegel : l’architecture comme art humain, trop humain 48

Penser avec Benjamin le statut artistique de l’architecture et ses ambiguïtés 53

• La perception distraite d’un art de masse 54
• Du pouvoir émancipateur de la distraction 58
• L’aura architecturale et son conservatisme 63
• La leçon de Benjamin : la tension entre l’esthétique et le politique 68

Chapitre II

L’architecture : un espace esthétique 79

Les Charmettes ou le séjour «du bonheur et de l’innocence» 80

• De l’attention flottante au sentiment de soi 84
• Les deux visages de la convenance 95

Le sentiment d’être à sa place 114

• Corps de l’édifice et espace intime : un air de famille 116
• Éloge de l’ornement 130
• Pour une esthétique de la joie 139

Chapitre III

Vers une esthétique du corps (é)mu 155

Des rythmes et des atmosphères 158

• Un espace charnel rythmé par la forme architecturale 161
• À la croisée de l’affectivité et de la spatialité 174

Pluralité des atmosphères et unité de l’expérience architecturale 182

• La «Sainte-Chapelle du béton armé», côté rue… 186
• … et côté nef 190
• La durée du mouvement et la consonance joyeuse au rythme du monde 194

La perception distraite des atmosphères comme expérience libératrice 197

• Une typologie des expériences spatiales 202
• Lieu de vie et émancipation 216

Conclusion Vivre l’architecture 225

Une expérience en mouvement des mouvements de l’espace 226
Entre le pragmatisme et l’esthétique des atmosphères : une voie originale 229
Un sentiment esthétique inédit et une typologie des espaces construits 230
Renouveler l’approche de la philosophie esthétique sur l’architecture 231